Autres sources
[Antisthène] Il est d’un roi de faire du bien, et d’entendre dire du mal de lui.
Marc Aurèle, Pensées VII, 36
Les philosophes de l’antiquité ont professé de bouche et par écrit diverses opinions sur la volupté. Épicure pose en principe que la volupté est le souverain bien; cependant il la définit « un état paisible et harmonieux du corps. » Antisthène, le Socratien la regarde comme le plus grand des maux. On cite de lui cette parole : « Plutôt devenir fou, que d’aimer le plaisir »
Aulu Gelle, Nuits attiques, IX, 5
Antisthène, lui aussi, a dit que le plaisir est un bien, en ajoutant qu'il ne fallait pas s'en culpabiliser.
Athénée, Deipnosophiste, XII
Antisthène, dans le livre qu'il a intitulé Physique, opposant aux dieux nombreux que reconnaissent les nations un Dieu unique existant réellement, enlève à la notion de divinité sa force et son contenu.
Cicéron, De la nature des dieux, I, 13
Diogène, en qualité de Cynique, répondit encore avec plus de liberté à ce grand prince, qui lui demandait, s'il n'avait besoin de rien : Je souhaite seulement, lui dit-il, que tu te détournes un peu de mon soleil; lui donnant à entendre qu'il l'empêchait d'en sentir les rayons. Aussi ce philosophe, pour montrer combien il avait raison de s'estimer plus que le roi de Perse, faisait-il quelquefois ce raisonnement : Je ne manque de rien; et il n'a jamais assez. Je ne me soucie pas de ses voluptés; et il ne saurait s'en rassasier. Enfin, j'ai des plaisirs auxquels il ne peut jamais atteindre.
Cicéron, Tusculanes, V, 32
Antisthène, qui, dans les entretiens de son maître, s'était passionné surtout pour les leçons de patience et de fermeté, donna naissance à la secte des cyniques, et ensuite à celle des stoïciens.
Cicéron, Orateur, III, 7
Antisthène devint donc un auditeur de Socrate. C'était un homme de tempérament herculéen, qui soutenait que la folie est préférable à la sensation : aussi enjoignait-il à ses disciples de ne jamais même lever le petit doigt par amour pour le plaisir.
Eusèbe, préparation évangélique, XV, 13, 7
Je suis bien d'accord avec Antisthène quand il affirme : «Si je mettais la main sur Aphrodite, je la percerais de flèches pour avoir corrompu tant de nos vertueuses femmes.» Quant à l'amour, il l'appelle un vice de nature : les misérables qui lui sont assujettis l'appellent, eux, la divine maladie. Ils démontrent bien pour autant que c'est par ignorance que les écervelés se laissent asservir au plaisir : le plaisir, il ne faut pas s'y soumettre, même si on le qualifie de divin, c'est-à-dire nonobstant le fait qu'il est un don de Dieu en vue des besoins de la procréation.
Clément, Stromates, II, 20, 107, 2
Antisthène le Socratique reprend en quelque sorte la parole du prophète, «À qui me comparerez-vous ? Dit le Seigneur» – quand il affirme que Dieu ne ressemble à personne : aussi ne saurait-on le saisir au moyen d'images.
Clément, Stromates, V, 14, 108, 4
Le roi Cyrus lui demandait quelle était la science la plus essentielle : «Désapprendre le mal», lui répondit-il.
Stobée, W.H. II, 31, 34
Roi ou manant, aucun avare n'est honnête homme.
Stobée, W.H. III. 10, 41
Si jamais vous vouliez vraiment savoir comment la modération d'esprit est une
noble chose, ne vous en remettez pas au témoignage de Platon ni d'Aristote, mais
plutôt au sage Antisthène qui a enseigné ce genre de vie. Il s'exprimait en
effet en ces termes : «Prométhée parle ainsi à Héraclès : Ta manière d'agir est
tout à fait méprisante : tu te soucies des choses temporelles et tu prends bien
soin de négliger l'important. Pourtant tu ne saurais être un homme accompli
aussi longtemps que tu n'auras pas appris ce qui dépasse l'homme, et quand tu
l'auras appris, tu connaîtrais du même coup ce qu'est l'humain. Quand au
contraire tu ne t'instruis pas que du terrestre, tu t'égares comme les bêtes
sauvages.» En effet celui qui place son intérêt dans les biens de ce monde et
qui restreint la puissance de son intelligence et de sa sagesse à ces choses
viles et finies, n'est pas un sage, au dire d'Antisthène, mais il ressemble aux
bêtes qui se plaisent dans la boue.
Thémistius, De la vertu
Dans son livre sur la Physique, Antisthène affirme que s'il existe une pluralité de dieux selon les lois des hommes, en réalité, il n'en existe qu'un seul.
Philodème, De la piété, 7
N'essaie pas de corriger un vieillard malfaisant : il est bien difficile en effet de transplanter un vieil arbre.
Antonius, Serment, XXXIII, 172
La vertu, disait-il, est avare de mots ; le vice, lui, bavarde sans fin.
Gnomol. Vat., 12
Pour les chiens [les cyniques], disait Antisthène, toutes les souffrances se ressemblent : car elles ne mordent que les gens qui n'en ont pas l'habitude. Gnomol. Vat., 1
Denys (de Syracuse) s'affligeait d'avoir à mourir un jour. Antisthène lui dit : «Voyons, toi-même, à mesure que le temps s'écoulera, tu gémiras de n'être pas encore mort.»
Gnomol. Vat., 5
Quel grand homme que cet Antisthène ! Frappé en pleine figure par un de ces voyous impudents, il se contenta en retour de tracer sur son front le nom de son agresseur comme sur une statue le nom de l'artiste – de façon probablement à accuser l'autre de manière plus cuisante.
Grégoire de Nazianze, contre Julien, I
Et comme l’opinion de Socrate ne se montrait pas très clairement au milieu de ces discussions contradictoires, où il agite, soutient et renverse tous les systèmes, chaque disciple y prit ce qui lui convenait et résolut à sa façon la question, de la fin suprême, par où ils entendent ce qu’il faut posséder pour être heureux. Ainsi se formèrent, parmi les socratiques, plusieurs systèmes sur le souverain bien, avec une opposition si incroyable entre ces disciples d’un même maître, que les uns mirent le souverain bien dans la volupté, comme Aristippe, les autres dans la vertu, comme Antisthène.
Saint Augustin, Cite de Dieu, VIII, 3
35. Orgueil d'Antisthène.
Socrate s'étant aperçu qu'Antisthène affectait de mettre en vue une partie de son manteau qui était déchirée à force de service : "Ne cesserez-vous point, lui dit-il, de nous montrer votre vanité ?"
Elien histoires diverses, IX, 35
Nouvelle preuve que la législation ne doit nécessairement concerner que des individus égaux par leur naissance et par leurs facultés. Mais la loi n'est point faite pour ces êtres supérieurs ; ils sont eux-mêmes la loi. Il serait ridicule de tenter de les soumettre à la constitution ; car ils pourraient répondre ce que, suivant Antisthène, les lions répondirent au décret rendu par l'assemblée des lièvres sur l'égalité générale des animaux. (« Les lièvres réclamaient l'égalité pour tous les animaux; les lions leur dirent : - Il faudrait soutenir de telles prétentions avec des ongles et des dents comme les nôtres ».) Voilà, aussi l'origine de l'ostracisme dans les États démocratiques, qui, plus que tous les autres, se montrent jaloux de l'égalité. Dès qu'un citoyen semblait s'élever au-dessus de tous les autres par sa richesse, par la foule de ses partisans, ou par tout autre avantage politique, l'ostracisme venait le frapper d'un exil plus ou moins long.
Aristote, Politque, III, 2
Antisthène comparait le maigre Céphisodote à l'encens qui fait plaisir en se consumant.
Aristote, Rhétorique III
XXVII. Antisthène, philosophe cynique.
Je suis le premier fondateur de la secte des Cyniques. — Comment cela ? Alcide, dit-on, l'avait fondée longtemps avant toi. — Du temps d'Alcide, mon maître, j'étais le second des Cyniques : aujourd'hui je suis le premier, puisqu'il est dieu.
Ausone, Épigrammes
XXVIII. Même sujet.
Nul autre que moi n'eut un disciple meilleur ou un meilleur maître, dans la pratique de la vertu, et de la sagesse cynique. Celui-là sait que je dis vrai, qui les a connus l'un et l'autre, Alcide le dieu et Diogène le chien.
Ausone, Épigrammes